Les ballons de Vaugirard

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 Les ballons de Vaugirard

L’histoire du quartier de Vaugirard et celle des aérostats sont assez étroitement liées.

Pas tout à fait dès l’origine, puisque les premières expériences des frères Joseph et Etienne de Montgolfier eurent lieu à Annonay (Ardèche) à la fin de 1782, les premières manifestations publiques au début de 1783, la première ascension d’êtres vivants (mouton, coq et canard) à Versailles le 19 septembre, et le premier vol habité par des hommes le 21 novembre de la même année (Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis François d’Arlandes) du château de la Muette à la Butte aux Cailles. Les habitants de Grenelle et de Vaugirard qui se trouvaient hors de leur domicile ce jour là et qui ont eu la curiosité de lever les yeux au ciel ont donc pu voir passer cette étrange créature volant sans ailes. Ces cas concernent des ballons à air chaud, encore appelés “montgolfières”.

Mais les progrès de cette discipline nouvelle sont extrêmement rapides puisque dès qu’il a connaissance des résultats obtenus par les frères Montgolfier, le physicien Jacques Alexandre Charles confie aux frères Robert la construction d’un ballon en soie caoutchoutée gonflé à l’hydrogène, et ce dès le mois d’Août. Avant la fin de l’année, le 1er décembre 1783, il parcourt avec cette “charlière”, en compagnie d’un passager (Marie-Noël Robert) un trajet du jardin des Tuileries à Paris jusqu’à Nesles-la-Vallée (actuel Val d’Oise). Ce même ballon atteindra le premier l’altitude de 3 000 mètres. Il convient de noter que Charles réalisa d’emblée un ballon à gaz proche de la perfection qui ne subit que très peu de modifications ultérieures.

La fin du 18ème siècle est marquée par un engouement  croissant pour les applications militaires des ballons captifs (observation et renseignement) puis une désaffection tout aussi rapide (danger d’inflammabilité, difficulté de production de l’hydrogène, transport des aérostats,...)

L’école d’aérostiers fondée à Meudon par le Comité de Salut Public est supprimée par décret du 18 février 1799. Les deux empereurs successifs (Napoléon 1er et Napoléon III) ne manifestent ni l’un ni l’autre un grand intérêt pour ces engins volants difficiles d’emploi. L'impératrice Eugénie se laissera néanmoins tenter par une ascension en ballon captif au cours de l'exposition de 1867, et Napoléon III lui-même, sans doute influencé par son entourage, possèdera son propre ballon : l'Impérial.

Bien qu'à partir de 1850 les romanciers fassent la part belle à ce mode de transport (notamment Jules Verne : Un drame dans les airs, Cinq semaines en ballon, L’île mystérieuse...), malgré les efforts de quelques passionnés, il faudra attendre le Siège de Paris pour voir de nouveau les ballons libres reprendre du service de manière significative. Entre temps, le rôle des aérostats se limite au domaine de l’attraction foraine.

Chacun sait que le Ministre de L’Intérieur de l’époque, Léon Gambetta, s’est illustré en quittant Paris encerclé par les troupes prussiennes le 7 octobre 1870, à bord de l’Armand Barbès.

Moins d’une semaine après le début du siège, dès le 23 septembre 1870 jusqu’au 28 janvier 1871, 66 ballons ont quitté Paris (en moyenne un tous les deux jours), transportant 168 personnes, 400 pigeons voyageurs et 2 500 000 lettres (11 tonnes de courrier !).

Plusieurs de ces départs ont eu lieu du voisinage de l’usine à gaz de Vaugirard, et ce sont ces cas qui feront plus particulièrement l’objet de notre attention.

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