Les ballons de Vaugirard

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Le 14 septembre, les démarches entreprises depuis le mois de juillet par plusieurs aéronautes aboutissent enfin. Cela se traduit notamment par la délivrance par le colonel Usquin, sur ordre du général Trochu, d’une délégation régulière à la commission de la Société aéronautique pour le service d’observation en ballon du secteur de Vaugirard, avec exemption du service ordinaire de la Garde Nationale pour quatre de ses membres : Charles Delcourt, Wilfrid de Fonvielle et les deux frères Charles et James Chavoutier. Dans un rapport rédigé le 22 août, le colonel Usquin avait déclaré : “...On peut employer utilement les ballons captifs pour observer les mouvements de l’ennemi... L’observateur sera muni de lunettes doubles à très grand champ pour pouvoir distinguer jusqu’à 4 ou 5 km les mouvements de l’ennemi et la nature de ses troupes... On peut utiliser pendant la nuit les ballons captifs en les munissant d’un feu électrique à réflecteurs qui éclaireraient les abords du point assiégé... “.

Un troisième poste d’observation est donc créé près de l’usine à gaz de Vaugirard 30, rue Mademoiselle sous la responsabilité de Wilfrid de Fonvielle qui sera assisté de Gaston et Albert Tissandier, autres professionnels expérimentés de l’ascension. Ce poste d'observation est autonome et ne relève pas du Comité scientifique pour la défense de Paris. Il a pu se constituer grâce à l’appui du frère de Wilfrid, Arthur de Fonvielle, maire du XIème arrondissement. Ainsi, Il y aura les centres de la rive gauche et ceux de la rive droite entre lesquels se créera une certaine rivalité.

Initialement, c’est donc bien l’usage de ballons captifs affectés à des missions d’observation qui est privilégié. Le Céleste qui allait être gonflé à Vaugirard était un ballon de 650 m3 environ, construit vers 1867 pour Henri Giffard par Jules Godard. Il avait déjà servi à plusieurs ascensions, notamment de W. de Fonvielle qui le connaissait bien. On l’avait baptisé Céleste parce que son enveloppe avait été teinte au bleu de Prusse (!). Mais des traces de soufre contenues dans le gaz l’avaient fait virer au noir de sorte que W. de Fonvielle trouvait que le nom d’Infernal lui eût mieux convenu. Henri Giffard, le propriétaire du ballon, avait prévu la défaite dès le début des hostilités. Il s’était donc éloigné de Paris en abandonnant le Céleste à W. de Fonvielle que ce dernier avait alors confié aux frères Chavoutier en vue d’une remise en état. Ce ballon servit, semble-t-il, à des observations au lieudit “La Maison Blanche”, le 20 septembre. Trois jours plus tard, l’enveloppe du Céleste était déchirée à la suite d’une fausse manœuvre, en l’absence des frères Chavoutier, ce qui entraîna une brouille avec W. de Fonvielle.

Plusieurs ascensions captives auront lieu à l’usine de Vaugirard elle-même, puis dans un terrain de la rue de Vanves (l’actuelle rue Raymond Losserant, à la limite du XIVe arrondissement).

D'autre part, Gabriel Mangin, faisant preuve de ténacité et d’obstination, propose cette fois à l’administration des Postes de la Seine d'assurer le transport du courrier et forcer ainsi le blocus qui s’est instauré depuis le 20 septembre. Il s’engage à emporter 600 kilos de courrier avec le postier chargé de leur acheminement. Cette proposition séduit Germain Rampont, Directeur Général des Postes et Chassinat, directeur des Postes de la Seine, et rendez vous est pris pour le lendemain.

Entre temps, un fabricant de vernis, Albert Bertaux, passionné d’aérostation, a pris contact avec un administrateur des Postes, Tinel de Kérolant, et s’est fait remettre 175 kilos de courrier devant être acheminés au moyen du ballon l’Impérial, un aérostat de 800 m3, déjà ancien, rebaptisé pour la circonstance le National.   Ce départ,  prévu dans l’après-midi de

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