Les ballons de Vaugirard

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Toutefois, il arrive à lancer l’ancre et ouvre la soupape. L’atterrissage a lieu à 3 km environ à l’est de la ville, à mi-chemin de la route de Sainte-Gemme à Saint Denis-de-Monroval. Il est 11 h 50 et, avec un bras foulé dans la chute, le pilote se trouve entouré d’une foule nombreuse qui le presse de questions sur la vie dans la capitale assiégée. Il se fait conduire alors auprès du receveur des Postes à qui il confie les trente mille lettres en provenance de Paris, puis lâche deux pigeons pour annoncer le succès de son voyage. Il quitte Dreux ensuite, dans le courant de l’après-midi, pour Tours où il arrive le lendemain vers 7 heures afin de s’acquitter de sa mission en remettant à l’amiral Fourichon, membre de la Délégation, les dépêches officielles dont il est porteur.

Nota : Le soir même, les deux pigeons emportés par le “Céleste” rentrent à Paris, démontrant ainsi l’efficacité de la poste aérienne.

 

 

 Importance des usines à gaz

 

Au début du siège, il existe à Paris neuf aérostats en tout, le Neptune (1200 m3), le Strasbourg (360 m3), l’Union (1100 m3), le Céleste (650 m3), déjà cités, le Cita di Firenze (1400 m3), le Napoléon (800 m3), l’Hirondelle (500 m3), le ballon captif de l’exposition de 1867 (5000 m3), et enfin le ballon personnel de l’empereur l’Impérial, auxquels s’ajoute une montgolfière de 5000 m3 appartenant à Duruof. L’état de ces appareils est très variable, les enveloppes ont été entreposées pliées dans différents magasins et le vernis ou le caoutchouc qui les compose a parfois mal vieilli et l’étanchéité, dans de nombreux cas, ne peut plus être assurée.

PVERSAILbisL’hydrogène, découvert en 1781, est le gaz qui donne à ces ballons la meilleure force ascen­sionnelle dans la mesure où il est 14 fois plus léger que l’air. Cependant, sa production obte­nue à l’époque par réaction de l’acide sulfurique sur le fer est difficile à mettre en œuvre pour des quantités importantes. D’autre part, appelé “gaz subtil”, il a un fort pouvoir de diffusion, et donc une grande facilité à traverser les parois. C’est pourquoi on cherche à lui substituer un autre fluide, moins performant mais plus aisé à fabriquer et à conserver. Le gaz “d’éclairage” (hydrogène carboné, méthane et éthylène,  deux fois plus léger que l’air) peut remplir cet office, même si le résultat obtenu est comparable à celui de l’air chaud des montgolfières. D’où la nécessité de zones de lancement des ballons proches des usines de production de gaz. De toutes manières, la qualité des enveloppes en coton produites pendant le siège ne permettait pas de retenir efficacement l’hydrogène, ce gaz nécessitant le recours à des enveloppes en soie doublée.

Il y avait un grand nombre d’usines à gaz dans Paris et un stock de houille important. On estime que la consommation courante de la ville était de l’ordre de 350 000 m3 par jour, au début du siège. Avec des réserves d’environ 87 000 tonnes, les compagnies pouvaient satis­faire les besoins pendant plus de deux mois. Toutefois, dès le mois d’octobre, l’éclairage public fut réduit et un arrêté municipal instaura l’obligation d’extinction des becs privés après 22 h 30. Les besoins venant à croître, on dut mettre en place des restrictions allant jusqu’à la suppression totale du gaz pour l’utilisation domestique à partir du 1er décembre. De la sorte, il y aura suffisamment de gaz pour la totalité des ballons lancés durant le siège de Paris. Cependant des mesures appropriées doivent être prises pour éviter les pertes excessives par transport de gaz entre le lieu de production et celui de son utilisation.

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