Suzanne Crepin

Hommage à Suzanne Crepin

Georges Lacombe

Georges Lacombe, le « nabi sculpteur » n’est autre que le cousin par alliance de Suzanne Crepin. En effet, sa femme Marthe née Wenger est la cousine de Marguerite Deloince.

Madeleine et Suzanne font réellement connaissance de leurs cousins dès leur arrivée à Paris, rue de la Tour en 1897. En effet, Marguerite Crepin étant veuve, elle se réjouit de retrouver la compagnie de sa cousine Marthe qui lui demande d’ailleurs d’être son témoin lors de son mariage avec Georges Lacombe le 31 mai 1897. Ce jour-là étaient présents les amis de Georges : Paul Sérusier, Edouard Vuillard (habitant lui aussi rue de la Tour à Paris), Pierre Bonnard, Paul Ranson, Ker-Xavier Roussel, Georges Bertrand… Il ne fait aucun doute que tous ces messieurs, jeunes et originaux ont frappés les esprits des deux jeunes sœurs ravissantes : Madeleine a alors dix-neuf ans et Suzanne dix-sept.

Dès lors et malgré le départ rapide du jeune couple Lacombe dans l’Alençonnais, Madeleine et Suzanne entretiennent avec Georges et Marthe des relations très proches, séjournant à plusieurs reprises à « l’ermitage », la propriété nouvellement acquise par les Lacombe. Georges, très accueillant et d’un caractère heureux se réjouit des séjours de ses cousines comme de ceux de tous ses nombreux amis. Il n’hésite pas à les mener dans la forêt toute proche : la forêt d’Ecouves pour y dessiner avec quelques autres. C’est là qu’un peu plus tard, Suzanne est initiée à la peinture à l’œuf par « le bon sorcier » Ranson. Lacombe lui aussi revient  vers cette technique qu’il avait un peu délaissé afin de peindre « La légende de Saint Julien l’Hospitaler » ou « le combat des cerfs ».


Extrait du catalogue raisonné de G. Lacombe :

 « La peinture à l’œuf s’appelle encore a tempera, le terme de détrempe étant plutôt réservé à la peinture à la colle. Mais souvent les deux termes sont employés l’un pour l’autre. Ainsi, dans une lettre à Denis, Sérusier lui donne « la composition de la détrempe des Bénédictins » :à base d’œufs, d’essence de térébenthine et de vinaigre, c’est-à-dire en fait la composition de la peinture a tempera. Le choix de ce liant induit une gamme réduite de couleurs posées en aplat homogène, d’où une densité de la couleur par elle-même : des couleurs pures et non mélangées. Sur l’aplat, donc pas de volume, le trait cerne les formes ou vient animer la surface de quelques graffitis. »


« L’ermitage, 7 août 1908 ,

Petite chérie aimée, je suis encore ici, pense un peu quel parasitisme éhonté ! mais quand je dis « je pars samedi » ou « je pars tel jour », on me cloue la bouche avec une « peinture à l’œuf » et une si gentille amability ! C’est aujourdh’hui qu’on va « cracher » dedans. J’ai rassemblé hier à Alençon divers petits ustensiles et ingrédients et trucs nécessaires et toute l’après-midi Ranson et moi avons fricoté avec. Comme résultat j’ai une jolie petite toile tendue et enduite avec un « soin » que le susdit professeur essaye de m’inculquer du mieux qu’il peut… »

Antrain, 12 août, « mon petit chéri, Eh bien donc vendredi après t’avoir écrit, je me suis précipitée sur la petite toile préparée scrupuleusement par le sorcier et qui offrait avec orgueil à mon crayon une surface aussi blanche que satinée. Blancheur que ma plus grande ambition et un labeur de toute l’après-midi assenés de conseils et encouragements multiples parvint à annéantir dans la journée même. Mais ne va pas t’imaginer cependant qu’à l’aide de tous ces œufs transformés par nous en mayonnaises multicolores, j’ai pondu quelque chose de rare, non ma fille ! mais j’ai jugé le moyen et c’est déjà quelque chose. Donc nous étions tous les trois plongés depuis de longues heures dans la sauce et en passe d’y barboter encore longtemps, quand par bonheur pour le rôti de Léonie, s’en vint tomber comme un bolide dans l’atelier l’illustre Monsieur Vaucaire doublé de sa noble moitié… »

Association Aesops Hebergement Web de la publication durable avec le soutien de giverny france